La fabrique de l’innovation sociale
Alternatives économiques Poche n°62
Alternatives Economiques, Paris, France, juin 2013
L’innovation sociale est à la mode. Mais de quoi parle-t-on ? De nouvelles façons de satisfaire les besoins sociaux ? D’activités qui révèlent de nouveaux besoins ? D’autres manières de produire du « social » ? De façons alternatives de faire de l’économie, plus inclusives, plus soutenables, plus coopératives et donc plus à même de tisser du lien social sur les territoires ? Tout cela dans des organisations qui se revendiquent de l’économie sociale et solidaire (ESS), associant gouvernance démocratique et non-lucrativité ? En fait, l’innovation sociale, c’est un peu de tout cela, et souvent tout à la fois.
Ce hors-série poche propose donc de partir à sa découverte à travers un tour de France. Nous y présentons quarante structures, pour l’essentiel de formes associatives, même si on compte également quelques coopératives dans notre échantillon. Ces structures ont développé, au cours des quinze dernières années, des expériences originales qui associent recherche de l’équilibre économique et satisfaction d’objectifs sociaux et environnementaux. Certaines d’entre elles sont anciennes et se sont dupliquées dans tout le pays, tel les Jardins de Cocagne, nés en Franche-Comté, qui mettent la production et la distribution de paniers de légumes en circuit court au service de l’insertion de personnes en difficulté par l’activité économique. D’autres sont plus récentes, mais tout autant intéressantes, telle Visio Sourd Normandie, née en 2010, qui propose un centre d’appel pour les malentendants.
Avouons-le, ce numéro n’aurait pu voir le jour sans le soutien de la Fondation Crédit Coopératif, notre partenaire et complice. La Fondation Crédit Coopératif récompense en effet chaque année, depuis maintenant plus de trente ans, plusieurs dizaines de structures innovantes, choisies dans chaque région, les plus intéressantes étant ensuite couronnées au plan national. Nous sommes donc partis de la formidable base de données que constituent les 680 structures primées ces quinze dernières années. De quoi donner un visage à l’innovation sociale.
Le choix des quarante structures finalement retenues a été très difficile. Car, derrière l’abstraction du nombre, ce sont d’abord des aventures humaines exemplaires qu’on découvre et qui mériteraient toutes d’être racontées. Une chose est sûre : ce hors-série poche nous a redonné le moral. Car si, parmi les créateurs et autres innovateurs, on compte quelques pigeons prêts à voyager vers d’autres cieux fiscalement plus cléments, notre pays est aussi riche de milliers d’innovateurs sociaux, aux yeux desquels la réussite se mesure à l’utilité sociale de leur travail et non au volume des profits. Autant d’innovateurs qui contribuent assez modestement à la croissance du produit intérieur brut (PIB), mais qui, en revanche, font progresser notre bien-être individuel et collectif. Et si c’était l’essentiel ?